SAINT AMARIN – LA CITE DU COQ

Le moine Amarin arrive sur le territoire au VIIe siècle et y fonde un couvent. Dès le VIIe siècle, la vallée appartient à l’abbaye de Murbach. Le nom de la ville de Saint-Amarin est cité pour la première fois en 1135. Au XIIe siècle, avec l’ouverture du col du Saint Gothard la vallée de Saint-Amarin s’ouvre au commerce international entre l’Italie et la Flandre. L’abbé de Murbach établit alors un péage gardé par le château de Freidburg, objet de convoitise de la part des comtes de Ferrette et des seigneurs de Saint-Amarin. Entre 1240 et 1260, la ville est fortifiée mais son influence décline après le transfert du chapitre des chanoines, crée au XIIe siècle ) THANN, en 1441. La guerre de Trente Ans décime la population. En 1790, Saint-Amarin est constitué en commune regroupant les villages de l’ancien bailliage, qui connaissent un début d’autonomie dès 1795

Au XIXe siècle, Saint-Amarin s’industrialise avec l’ouverture de mine d’argent, de cuivre, de plomb, de cobalt et de zinc. Le 7 août 1914 les troupes françaises entrent dans la vallée et la ville est décorée de la croix de guerre en 1918

LA TOUR RONDE DIFFOR

XIIIème siècle Moyen-âge. La Tour Diffor s’élève en même temps que le château. Trois tours et un château : notre ville est un trapèze entouré de douves alimentées par le Volgelbach avec une porte d’entrée fortifiée et en amont une sortie avec la maison du péage.

Charlemagne, roi des Francs, a donné notre vallée à l’Abbaye de Murbach en l’an 792. Depuis, des Rois et des Empereurs de ce qui deviendra le Royaume de France et le Saint Empire Germanique sont partis en Croisades à Jérusalem, à Saint Jean d’Acre… Les nobles – qui peuvent aussi être des religieux –  les y accompagnent et échangent leur allégeance contre des droits leur permettant de s’enrichir.

Les Princes Abbés de l’Abbaye de Murbach revenus de croisade sont donc autorisés à lever Péages dans cette vallée qui est une route entre les Flandres et l’Italie.

Entre nos murs, des fermes, des vergers, des potagers, des champs, un monastère et une Eglise. Les maisons sont en bois et en torchis, elles brûlent souvent, les rues sont sinueuses et sales. Hommes et animaux cohabitent. Une société féodale hiérarchisée et organisée où chacun a sa place.

LA PLACE DE L’HOTEL DE VILLE

De son histoire, il y a les constructions qui ont existées : La porte basse de la ville moyenâgeuse, les remparts, les fossés, les douves et le pont levis et celles que nous voyons encore aujourd’hui :

  • La belle maison Wolf-Tschann
  • L’hôtel de ville, pourvu d’un magnifique escalier qui mène à la salle du Conseil et de son clocheton qui abrite la cloche datée de 1754 
  • L’école aux murs encore tapissés de cartes et de tables de multiplications
  • La fontaine qui attire les petits pieds échauffés des enfants l’été…

Cette place peut aussi s’appeler la place des Grands Hommes, en mémoire de ce bailli qui  en 1525 s’est rallié aux paysans révoltés en ouvrant la porte de la ville et en signant la « charte des paysans », en mémoire de ceux qui ont franchit les portes de notre ville : Pierre Loti, Raymond Poincaré, Le Maréchal Pétain, le roi d’Italie, le Maréchal Joffre.

Et en l’honneur de tous les Saint Amarinois qui ont fait, qui font et qui feront notre histoire.

LA COUR COLONGERE ET SES PORTES DU TEMPS

Voici la porte de la cour colongère et la plus vielle maison de notre cité. Ces pierres nous racontent l’histoire des légions romaines qui sont venues conquérir notre vallée. Habitants natifs de la vallée et colons romains forment une institution qui s’appelle le colonat romain.

Cette institution « colongère » a existé dans ce que nous appelons aujourd’hui l’Alsace, la Loraine et une partie de l’Allemagne. Au Moyen-âge, la cour colongère de Saint Amarin a perduré. Saint Amarin est alors un bailliage de l’abbaye de Murbach et la cour colongère rend des comptes au bailli qui s’installe en ces lieux.

Dans cette cour, les fermiers viennent déposer leurs dîmes ou impôts en argent, en grains, en poules, en moutons, en chèvres en sel, en miel… Ils sont présents tous les 7 janvier, le lendemain de l’épiphanie, et ce jusqu’à la Révolution Française.

LE CHATEAU DE FRIEDBURG

Fresque peintre sur la Maison du Bailli.

  1. Notre ville est féodale. Les grands seigneurs sont les Princes Abbés de l’Abbaye de Murbach et les grandes familles de la région. La ville vient d’obtenir droit de péage sur la route entre les Flandres et l’Italie. Le château vient d’être construit sur un promontoire nommé Friedburg. Sa masse imposante domine la contrée. Son donjon est couvert d’ardoise. De hauts bâtiments, de nobles tours rondes et des tours carrées, une belle porte : L’abbé Thiébault de Faucogney en a supervisé la construction.

De grandes familles et des chevaliers vont s’y succéder les Horbourg, les Masevaux, les Nordwind, les Landenberg… ceux que la postérité nommera les seigneurs de Saint Amarin.

Discordent entre seigneurs, discordes entre princes de l’église, guerres de religions ou révoltes paysannes, envahisseurs étrangers, le château de Saint Amarin n’a eut de cesse d’être détruit et reconstruit. Définitivement brûlé en 1665 ses pierres ont servit à la construction de l’Eglise d’Oderen.

LE SCHLOSSEL

 « Le « Schlessel » ou « schlössel » ou « petit château » est une belle maison construite en 1807 par la famille De Grand-Champs à l’emplacement de l’ancien château féodal de notre ville.

La famille De Grand-Champs, qui s’est éteinte sans héritier au XIXème, est une famille de seigneurs de la Meuse qui avait reçu en 1780 le droit de cité à Saint-Amarin. Pour les Saint Amarinois, le premier représentant connu de la famille de Grand-Champs était le chef des troupes de l’abbaye de Murbach et seigneur de la vallée de la Thur.

Quant au dernier descendant des De Grand-Champs, il a emporté avec lui la clef d’un mystère : sur une éminence voisine du château vous découvrez un monument funéraire. Sur l’une des faces du socle de grés jaune, une belle écriture française calligraphiée de la fin du XVIIIe et ces quelques mots « Elisabeth de Grand-Champs, née de Fournel, fille de Pierre, écuyer et seigneur de Ronvaux, décédée le 12 avril 1807. Resquiescant in pace »

Où repose exactement Elisabeth ? Et pourquoi ce monument fût-il placé à cet endroit ? Le mystère demeure.

LE KATTENBACH

Ce quartier est très ancien et marque l’antique route qui remontait la vallée aux premiers temps de l’histoire de notre ville.

Les hommes qui peuplaient la vallée déjà 5 siècles avant J.C étaient des Celtes. Ils se nommaient Raurachiens, Thuringiens, Séquanes. Leurs voisins étaient les Helvètes, les Eduens et les Allobroges. Certains s’installaient le long de cette route celtique, d’autres n’étaient que de passage vers le pays des Leuques, de l’autre côté des Vosges. Virent ensuite les Romains, les Alamans, les Francs et les germains. Chacun commençant à écrire notre Histoire… et nos histoires.

Au numéro 1, la maison protège depuis e XVIème siècle une statue en bois qui représente le moine Amarin, arrivé en lieu en l’an 625.

Le Vogelbach « ruisseau des oiseaux »  est une rivière de quelques kilomètres qui prend sa source au pied du Hundskopf, à plus de mille mètre d’altitude avant de s’écouler dans la Thur.

Le waschhissel. Lavoir sur le Vogelbach en 1944.

1950 les machines à laver le linge font leur apparition en remplacement du lavage avec lessiveuses et fontaine pour le rinçage à l’eau froide. Adieu le waschhissel et ses planches à laver du Kattenbach. Parfois, il fallait rompre la glace pour rincer le linge.  

LE CIMETIERE CIVIL 

Et Doroangus devint Saint Amarin

Hommes et femmes du néolithique, celtes et romains ont habité cette vallée verdoyante. En dessous de ce cimetière, là ou votre regard se perd sur les toits de la ville actuelle se dressait Doroangus. Doro signifiant cours d’eau, rivière, et Angus signifiant herbage, pâturages.

C’est vers l’an 625 qu’un bon moine nommé Amarin s’installe entre les murs de Doroangus. Il y fonde un modeste couvent qui suit les règles de Saint-Benoît. Sa présence, sa vie d’ascète, son assassinat lors d’un voyage bien loin d’ici et le retour de ses reliques marqueront à jamais l’histoire de notre cité.

A environ douze mètres de l’escalier du cimetière, les fossoyeurs, en creusant des tombes, rencontrent encore les fondations de la Chapelle Saint Martin. Petite chapelle devenue Eglise, elle était la première de la vallée de la Thur et le cœur de la christianisation de la contrée. Seule Eglise de la vallée jusqu’au XIIIème siècle elle fût détruite en 1809.

La croix du cimetière

Au centre et à l’endroit le plus élevé du cimetière est érigée la croix de mission de l’année 1852. A la base de la croix vous lirez un texte d’indulgence : « Indulgence de 300 jours, en priant ici cinq Notre Père, cinq Je vous salue Marie, et cinq Gloire à Dieu. Indulgence plénière pour qui, annuellement le 25 avril ou le dimanche suivant, après confession et communion et après avoir visité la présente l’église paroissiale, prie devant cette croix »

LE CIMETIERE MILITAIRE

109 soldats reposent dans ce cimetière militaire. Leur mémoire reste honorée.

LE CERCLE CATHOLIQUE – H’LAC

1885 Notre ville est allemande. L’abbé Wagner réunit au presbytère des jeunes gens pour former le cercle catholique Le Katholisher Jünglingsverein. Jeux, gymnastique, chants, pièces de théâtre, lecture, formation musicale avec clairons, tambours et trompes de chasse…

1908 Inauguration en musique de cet édifice qui accueille dès lors le CERCLE CATHOLIQUE. Des pièces de haut niveau se jouent en alsacien et en allemand. Nos sportifs se font remarqués au niveau international.

1914 La musique s’organise en batterie-fanfare Bangala-Musik. Les pièces sont jouées en alsacien et de nouveau en français.

L’histoire continue et la langue officielle des artistes change et rechange, l’alsacien perdure, la culture, l’art et le sport continuent d’exister au Cercle Catholique.

Français, allemand ou alsacien, catholique ou laïque, ce bâtiment nous rappelle que l’art, la culture et les sports sont intemporels et qu’ils réunissent les hommes.

Depuis 2021 Le Cercle Catholique se nomme le H’LAC Haut Lieu d’Art et de Culture.

L’EGLISE PAROISSIALE

De l’arrivée en l’an 625 du moine Amarin qui fonde un couvent et fait bâtir une église en passant par la domination des Princes Abbés de l’Abbaye de Murbach durant 7 siècles, l’histoire de Saint Amarin est étroitement liée à la vie religieuse.

L’église paroissiale est construite sur les anciennes fondations d’une collégiale qui connue ses heures de gloire entre le milieu du XIème siècle et le XVème siècle. La collégiale de Saint Amarin abrite les Chanoines jusqu’en 1441, date à laquelle ils partent s’installer à Thann et donc, date à laquelle Thann devint collégiale et Saint Amarin simple église paroissiale.

*Une collégiale est une église qui possède un chapitre (groupe) de chanoines (prêtres). Les chanoines possèdent un siège dans le chœur de l’église afin de s’y réunir pour prendre ensemble des décisions, chanter ou réciter l’office.

En 1756, l’édifice est défectueux et le Prince Abbé de Murbach décide de le faire démolir pour le remplacer par l’actuel. Il fait effectuer par des maîtres maçons et maitres charpentiers des relevés exacts de l’ancien bâtiment.

MUSEE SERRET – ANCIEN HOPITAL MOBILE ALSACIEN

10 mai 1871 Par le traité de Francfort, la France cède l’Alsace et une partie de la Lorraine à l’Empire allemand mettant fin à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. La France perd 14 470 kilomètres carrés, 1 694 communes et 1 597 000 habitants. Les personnes qui désirent garder la nationalité française doivent en faire déclaration avant le 1er octobre 1872 et quitter ces régions.  Les hommes, les femmes et les enfants qui restent deviennent citoyens allemand.

7 août 1914, l’armée française franchit le col de Bussang et entre dans Saint Amarin.

Notre ville était allemande depuis la signature du traité de Francfort (1871) mais nos cœurs sont restés français durant ces 44 longues années.

Eté 1915. C’est la « Grande Guerre », Saint Amarin est proche du front, en première ligne du conflit.

L’administration judiciaire allemande avait fait construire cet imposant bâtiment en 1912 pour y abriter un tribunal cantonal. Agnès de Pourtalès, marquise de Loys Chandieu, engagée volontaire et infirmière-major, installe dans ce grand bâtiment l’ambulance alsacienne qui officie auprès de très nombreux blessés sous des tentes à Kruth. « L’hôpital mobile alsacien » devient opérationnel.

Il compte 56 lits intra-muros pour les grands blessés ainsi qu’une centaine d’autres aménagés dans de grandes tentes chauffées tout autour du bâtiment. Tout y est bien installé : salle d’opération, services de radiographie, de chirurgie … et une pharmacie. Les cuisines viennent de trouver leur place au sous-sol et le dortoir du personnel soignant dans le grenier.

A la fin de la première guerre mondiale, il redeviendra un tribunal cantonal mais français.

Aujourd’hui … ouvrez les portes du temps et entrez !

LE PRESBYTERE ET LA TOUR

Du haut de ses presque 3 siècles (1747-1749), le presbytère une très belle et ancienne maison de notre ville appuyée contre sa tour de défense moyenâgeuse.

On admire sa porte cochère en plein-cintre empruntée à l’ancienne collégiale de Saint Amarin, ses portes d’entrée Est et Ouest aux linteaux en arcs segmentaires moulurés avec frontons, son escalier tournant à retours avec une rampe à balustres taillés, sa frise en grès sculpté sur un mur et sa porte de cave également en plein cintre.

Juste à côté, devant le parc, la remise au fragment de pierre sculptée et les écuries complètent le décor.

Cette maison, résidence du clergé, assura aussi les fonctions de siège de l’administration cantonale durant la révolution (1789) et d’école primaire (1813).

Aujourd’hui, encore habitée par le prêtre des paroisses de notre vallée, nous en respectons le calme.

LA FONTAINE DU COQ

1830 Une odeur de savon flotte dans l’air, nous sommes lundi et les femmes sont fières de faire leur lessive à la nouvelle fontaine de grès rose surmontée d’un magnifique coq, symbole de la France et symbole de leur citée. Cette fontaine est bien plus profonde que l’auge en tronc d’arbre évidé qu’elle remplace.

La vielle fontaine en bois se nommait Sainte-Anne « Hahnabrunna » du nom de la patronne des mineurs et des pauvres.

Comme toutes les fontaines de Saint Amarin, Sainte Anne devenue la Fontaine du Coq a pourvu en eau les habitants du quartier, accueillis les femmes pour leur lessive le lundi, les animaux qui rentraient des pâtures, les hommes qui lavaient les tonneaux… Elle coule aujourd’hui en circuit fermé et nous ravit encore, magnifiquement décorée et fleurie au rythme des saisons.

LA MAISON DU BAILLI

Elle marque au Moyen-âge l’emplacement de la porte nord de la ville et est le siège des baillis du XIII au XVIIIème siècle.

Du XIIIème siècle où ils deviennent sédentaires jusqu’en 1789 (révolution française) les baillis ont une importance primordiale. Leurs pouvoirs sont étendus : armée, justice, administration, perception des impôts

Leur baillage a connu l’invasion des hongrois, des armagnacs (surnommés les écorcheurs) des anglais, des espagnols, des suédois, des croates, des russes, la guerre des paysans, la guerre de trente ans et jusqu’à  la révolution française !

Après Révolution, cette maison est devenue propriété des industriels textiles qui la transformèrent au cours des ans pour lui donner son aspect actuel. Mais ça, c’est une autre histoire.

On admire sur sa façade tournée vers la route une fresque, peinte par M. Finiels et qui  représente le château de « Friedburg » et la rue empruntée par des chevaliers en armure.

LA MAISON DES MONNAIES (fleuriste et boulangerie).

1544  L’empereur Charles Quint accorde à l’Abbaye de Murbach le droit de battre monnaie. Notre petite ville fortifiée de Saint Amarin est alors le chef-lieu de la vallée, bailliage de l’abbaye de Murbach dirigée par le Prince Abbé Jean-Rodolphe Stoer de Stoerenbourg  et lieu de résidence du bailli. Notre citée est aussi proche des mines d’argent et c’est donc ici que s’établit l’Hôtel de la Monnaie qui bat talers, demi-talers et quart de talers.

Quelques 43 pièces différentes d’or et d’argent ont été recensées et vous pouvez en admirer quelques unes au musée Serret. 

Appelée maison de la monnaie, hôtel de la monnaie ou les ateliers de monnaies, vous pouvez aujourd’hui encore en franchir les portes en vous rendant à la boulangerie ou chez notre fleuriste.

LA BRASSERIE

C’est l’histoire d’une brasserie et de sagas familiales qui débutent en 1825 et se terminent en 1979. C’est aussi l’histoire de brasseurs alsaciens – les Jaeger, Gissy et Kueny, ceux qui restent aux pays, et ceux qui partent exploiter leurs talents de brasseurs à Augusta, en Amérique.

Son histoire a même laissée des traces dans les sous-sols de Saint Amarin avec la construction d’une glacière (rue du Maréchal Joffre) et de deux caves de stockage de 18 mètres chacune, creusées dans le roc en 1862 (30 rue Charles de Gaulle).

De 1850 à 1870 au 1er étage de la brasserie s’installent un casino, une salle de lecture de magazines, une salle de billard et une salle  de jeux de cartes.

L’ANCIENNE PRISON

Les propriétaires actuels nous affirment que personne n’a été oublié dans la cave de cette bâtisse à l’architecture particulièrement austère mais la tradition populaire nous laisse encore entendre que cette prison a connu de belles heures de gloire.

Un document des Archives communales de Saint Amarin daté de 4 juin 1785 nous apprend l’existence d’une milice seigneuriale à Saint Amarin. D’autres documents nous apprennent qu’un appariteur (Weibel), qu’un sergent seigneurial (Herrschaftssergeant) et qu’’un gardien de prison (Turnhieter) sévissaient également.